Étude sur l’hémangiosarcome chez les rottweilers : Le Dr Modiano répond à nos questions

photo de rottweiler

La majorité des propriétaires de rottweiler s'entendent pour dire qu'il n'y a aucun cancer canin plus terrifiant que l'hémangiosarcome. Ce type de cancer est non seulement difficile à dépister, mais il présente également des défis importants en matière de traitement. L'hémangiosarcome peut être fatal lorsqu'une tumeur éclate et génèrent des saignements internes menant au décès. 

L'Université du Minnesota a fait des progrès considérables en matière de lutte contre ce cancer dévastateur connu sous le nom d'hémangiosarcome en menant une étude prometteuse. Ce travail révolutionnaire, qui est en cours depuis plus de vingt ans, a permis de combiner des stratégies de diagnostic et de traitement constituant une approche unique. L'analyse sanguine « Shine On Suspicion » (SOS) joue un rôle crucial dans cette stratégie en identifiant les caractéristiques spécifiques des cellules sanguines rares associées à ce cancer insidieux. Ce dépistage précoce permet de commencer le traitement à un stade plus précoce. De plus, les chiens identifiés comme étant à risque élevé de développer un hémangiosarcome en raison des résultats de leur analyse sanguine SOS peuvent recevoir un nouveau traitement ciblant les toxines appelé eBAT, qui a été développé à l'Université du Minnesota. Ce traitement novateur peut prolonger la vie de ses chiens.

Gardez à l'esprit que même si l'analyse sanguine SOS et le traitement eBAT sont prometteurs dans le cadre d'essais cliniques, ils seront offerts dans les cliniques vétérinaires dans plusieurs mois, voire plusieurs années. « Nous espérons pouvoir bientôt offrir l’analyse sanguine SOS au public afin que les chiens puissent être dépistés par leur vétérinaire, déclare Jaime F. Modiano, DMV, Ph. D., la chaire Perlman en oncologie animale à l'Université du Minnesota. Le traitement eBAT demeurera expérimental jusqu'à ce qu'il soit approuvé par la Food and Drug Administration comme modalité de traitement. De plus des travaux supplémentaires devront être effectués avant qu'il ne puisse être utilisé à des fins préventives. »

La complexité de l’hémangiosarcome est notable, comme l'indique la diversité de sa manifestation chez les différents chiens. Plus de 50 pour cent des chiens touchés meurent dans les quatre à six mois suivant leur diagostic, et près de 90 pour cent au cours de la même année. La rupture tumorale entraîne une perte de sang aiguë et grave, un collapsus, un choc et la mort subite dans de nombreux cas. « Ce cancer, qui a une forte propension métastatique et qui est extrêmement résistant au médicament, est l'un des cancers les plus agressifs observés chez les chiens », explique le Dr Modiano.

Bien que l'hémangiosarcome ne soit pas très connu, ses caractéristiques définissent sa nature idiosyncrasique. « L'un des plus grands défis est son évolution silencieuse et initialement exempte de signe clinique, explique le Dr Modiano. Le diagnostic est généralement posé lorsque le cancer est à un stade avancé et difficile à traiter. »

L'équipe de recherche de l'Université du Minnesota estime que plus de 50 000 chiens de compagnie aux États-Unis développent un hémangiosarcome chaque année. Naturellement, les personnes qui ont perdu des chiens en raison de ce cancer cherchent des moyens d'éviter sa manifestation chez d'autres chiens. « Il n'y a pas d’approche préventive efficace connue, dit-il. La modification des comportements liés au mode de vie, la réduction des préoccupations environnementales, un régime alimentaire ou des suppléments spéciaux n'ont aucune incidence sur le développement de ce cancer. »

L’hémangiosarcome prend naissance dans les cellules de moelle osseuse qui jouent un rôle dans la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans tout l’organisme. Cette caractéristique permet aux cellules tumorales d'accéder à divers tissus. Le site de développement de la tumeur le plus courant est la rate, suivie du cœur, de la peau et du foie. Les cellules cancéreuses stimulent la création de vaisseaux sanguins anormaux, où le sang tend à s'accumuler et à coaguler. Au fil du temps, ces caillots obstruent les vaisseaux, empêchant le sang frais et les nutriments essentiels d'atteindre l'environnement tumoral. Par conséquent, ce manque d'alimentation entraîne la mort cellulaire. La tumeur se rompt, entraînant une fuite de sang dans différentes régions comme l'abdomen, le péricarde, le thorax ou les tissus sous-cutanés, selon l'emplacement de la tumeur.

L'objectif du traitement est de ralentir ou de retarder la progression de la maladie en mettant l'accent sur la prévention des épisodes hémorragiques mettant la vie en danger. Le traitement de référence actuel consiste en l'ablation chirurgicale de la masse tumorale suivie d'une chimiothérapie. 

La combinaison de l'analyse sanguine SOS et du traitement eBAT mise au point par l'Université du Minnesota représente une avancée importante dans la lutte contre l'hémangiosarcome. L'analyse sanguine SOS a été développée en tenant compte de plus de 40 caractéristiques des cellules rares retrouvées dans le sang des chiens ayant reçu un diagnostic d'hémangiosarcome. Grâce à l'intelligence artificielle, ce test peut analyser la susceptibilité d'un chien à développer ce cancer en fonction de ces paramètres spécifiques.

eBAT, qui signifie angiotoxine spécifique au facteur de croissance de l'épiderme, est une méthode de traitement qui administre une puissante quantité de toxines bactériennes aux cellules tumorales. Pour ce faire, le traitement cible deux protéines, soit le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) et le récepteur activateur du plasminogène de type urokinase (uPAR), qui sont présentes sur les surfaces cellulaires des tumeurs de l’hémangiosarcome. L'identification de ces protéines qui se manifestent simultanément a donné lieu à l'hypothèse qu'un traitement ciblant simultanément les deux protéines pourrait s'avérer efficace dans le traitement des tumeurs de l'hémangiosarcome.

« Une fois que le traitement eBAT est injecté dans une veine, il pénètre dans les tumeurs et tue spécifiquement les cellules cancéreuses malignes qui sont dotées de l'EGFR et la uPAR à leur surface, explique le Dr Modiano. Son autre caractéristique unique est qu'il tue les cellules inflammatoires et les vaisseaux sanguins à l’intérieur et à proximité des tumeurs, rendant l'environnement inhospitalier pour les cellules cancéreuses. Fait important, il ne cause pas d'effets secondaires importants. »

L'étude en cours vise à générer des renseignements précieux sur l'efficacité de l'analyse sanguine SOS pour prédire la probabilité qu’un chien développe un hémangiosarcome. Elle vise à déterminer la période avant que les tumeurs se développent chez les chiens identifiés comme étant à risque élevé, ainsi que si les chiens identifiés comme étant à risque faible ou moyen. De plus, elle vise à évaluer si le traitement eBat administré aux chiens à risque élevé peut potentiellement réduire ce risque à faible ou moyen.

« Les propriétés de l'analyse sanguine SOS et du traitement eBAT font que cette combinaison est unique. Elle permet non seulement de prédire si un chien présente un risque élevé de développer un hémangiosarcome ou s’il est déjà en cours de développement, mais elle constitue également un moyen d'inverser l’ordre des choses et d'empêcher la formation de la tumeur », explique le Dr Modiano.

Bien que l’analyse sanguine SOS et le traitement eBAT doivent être approuvés pour une utilisation en clinique vétérinaire, tout propriétaire d'un chien soupçonné d'être atteint d'un cancer doit consulter un spécialiste. « Nous recommandons de consulter un spécialiste et de suivre ses conseils, recommande le Dr Modiano. Il est important de se conformer aux meilleures pratiques médicales et de ne pas opter pour celles pouvant donner de faux espoirs. Discutez avec l'équipe de spécialistes de la santé de votre chien pour comprendre les résultats des tests et connaître les options disponibles. »


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*Résultats de l'enquête Canadian Dog Fancier, Novembre 2023

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